Shenzhen - Guy Delisle - L'Association

 Guy Delisle, Shenzhen, L'Association, collection Ciboulette, 2000

A tout seigneur, tout honneur ! C'est cette BD qui m'a donné envie de m'intéresser aux récits de voyage sous forme de bande dessinée.

Bon, ok, ce n'est pas une nouveauté. Mais, pour moi ça reste l'exemple parfait de ce que j'aime et de ce que je recherche comme ouvrage. La vision d'un Occidental (ici un Québéquois qui vit et travaille en France) sur une culture qu'il connaît mal, et qui fait partager, toujours avec humour, ses confrontations avec cette culture.

L'histoire : Guy Delisle s'installe pour trois mois à Shenzhen (sud de la Chine) pour superviser la réalisation d'un dessin animé (il n'est pas cité mais la reproduction de quelques planches montre qu'il s'agit de Papyrus). Shenzhen est une une ville nouvelle sans aucun intérêt qui lui devient vite comme une prison. On comprend d'ailleurs très bien qu'il s'agit d'une ville totalement tournée vers le capitalisme à la chinoise. Bien entendu, l'auteur raconte des anecdotes à propos de son travail et surtout des relations qu'il entretient avec ses collègues chinois et des difficultés qu'il doit surmonter pour se faire comprendre et arriver à obtenir un bon travail. Mais, il narre surtout la vie de tous les jours dans les rues, les restaurants et l'hôtel où il loge. C'est ainsi qu'on découvre des personnages étonnants et anonymes : les serveurs dans les restaurants, un collègue qui l'invite à passer le nouvel an chez lui pour regarder la télé, le portier de l'hôtel qui teste avec lui ses progrès en anglais ("What do you do?", "What time is it?", "Very Christmas"), la traductrice qui ne comprend pas l'anglais (lui : "What kind of book do you like to read?", elle : "Yes very much !"), ainsi que des situations qui deviennent très vite ahurissantes : la visite chez un dentiste dans un hôpital, le passage dans des toilettes publiques... C'est-à-dire mille détails de la vie quotidienne chinoise mais qui prennent pour un Occidental une dimension phénoménale (certainement renforcée par le puissant ennui qu'éprouve l'auteur pendant son séjour, ennui qu'il combat d'ailleurs en faisant de rares escapades à Hong-Kong), un mélange des bizzareries de l'Extrême-Orient mixées avec l'ambiance du Brazil de Terry Gilliam.

Ce que j'aime :

- La vision humoristique tout en étant détaillée. Ceux qui sont déjà allés en Chine ou du moins dans certains pays asiatiques, retrouvent beaucoup de choses qui les ont frappées là-bas et dont il ont dû se sortir grâce à l'humour.

- La tehnique à la mine de plomb qui donne au récit une ambiance un peu froide, électrique qui correspond bien à la grisaille de la ville telle qu'elle est annoncée dès les premières pages.

Ce que je n'aime pas :

Rien.